La blessure de rejet, selon la perspective de John C. Pierrakos, va bien au-delà d’une simple expérience d’isolement social ou de critique extérieure. Elle plonge ses racines profondément dans la psyché humaine, influençant la construction de l’identité et des relations interpersonnelles. En intégrant la notion de faux-self et en explorant le lien avec le premier trauma de la naissance et l’aspect spirituel de la séparation de la source, nous pouvons approfondir notre compréhension de cette blessure fondamentale.

Le Faux-Self et la Blessure de Rejet

Le concept de faux-self, développé par les psychanalystes Donald W. Winnicott et Heinz Kohut, décrit une façade ou un masque que l’individu développe pour répondre aux attentes et aux normes sociales et familiales, souvent en réponse à des expériences de rejet ou de non-validation. Dans le contexte de la blessure de rejet selon Pierrakos, le faux-self peut devenir une stratégie de survie pour masquer la douleur et l’insécurité ressenties en raison du rejet perçu. C’est un vécu qui va se tisser avec le couple parental, particulièrement avec le parent qui porte la polarité du sexe opposé. On retrouve souvent des dynamiques de chantage affective parfois fin et presque imperceptible, parfois clair et étouffant. Cette blessure archaïque sera centrale, on ira peut visiter sa jumelle, la blessure d’abandon, en revanche la personne qui porte la blessure de rejet sera plus sensible à activer la sous-blessure d’injustice, parfois d’humiliation et plus rarement celle de trahison. Alors que la blessure d’abandon activera plus les sous-blessures dans cet ordre : trahison, humiliation, injustice.

Les individus affectés par la blessure de rejet peuvent ainsi développer des personnalités façonnées par le désir de plaire aux autres et d’éviter tout signe de désapprobation. Il n’est pas question ici de superficialité, de vouloir plaire physiquement, mais plutôt intellectuellement et émotionnellement, pour ne pas contredire l’autre, ne pas le mettre mal à l’aise pour éviter tout rejet d’un côté comme de l’autre. Ce faux-self peut être si intégré dans l’identité de l’individu qu’il devient difficile de distinguer les véritables désirs et besoins de la personne.

Le Premier Traumatisme de la Naissance et la Blessure de Rejet

Le premier traumatisme de la naissance, selon certaines perspectives psychodynamiques, représente la première séparation de l’individu d’avec l’unité symbiotique de la mère, marquant ainsi le début de son existence en tant qu’entité distincte. Cette séparation initiale peut être vécue comme un rejet ou une rupture, surtout si elle est associée à des problèmes physiologiques lors de l’accouchement ou à des circonstances émotionnelles difficiles dans le couple parental.

Cette expérience de séparation peut créer un terrain fertile pour le développement ultérieur de la blessure de rejet, car elle pose les fondements de la perception de l’individu sur lui-même en tant qu’être séparé et distinct des autres. Les expériences ultérieures de rejet viennent renforcer cette perception, alimentant ainsi la blessure et renforçant le faux-self comme mécanisme de défense.

L’Aspect Spirituel : Se Séparer de la Source

Sur un plan spirituel, la blessure de rejet peut également être vue comme une conséquence de la séparation initiale de l’âme de sa source, ou de son unité cosmique. Selon certaines traditions spirituelles, l’âme individuelle naît d’une conscience universelle ou d’une source divine et entre ensuite dans le monde matériel, où elle doit faire l’expérience de la séparation pour évoluer et croître.

Cette séparation de la source peut être vécue comme un rejet initial, car l’âme se retrouve soudainement confrontée à l’illusion de la séparation et de l’individualité. Ce premier acte de séparation peut créer une blessure profonde dans l’âme, qui se reflète ensuite dans les expériences humaines de rejet et d’isolement.

En reconnaissant et en explorant ces dimensions, il devient possible d’entamer un processus de guérison qui permettra à l’individu de retrouver son intégrité, sa connexion avec lui-même, c’est-à-dire ses besoins, ses émotions, ses désirs et ses limites.

Pour guérir une blessure de rejet, il est important d’explorer différentes voies de guérison adaptées à vos besoins individuels. Voici quelques approches qui peuvent être utiles :

Thérapie individuelle : Travailler avec un thérapeute qualifié peut vous aider à explorer les origines de la blessure de rejet, à comprendre ses impacts sur votre vie, mettre du sens sur les évènements fondateurs, accueillir les émotions qui n’ont pu être exprimée, recevoir l’attention et l’écoute qui a fait défaut pour doucement développer des stratégies qui mène vers une autonomie affective.

Thérapie de groupe : Rejoindre un groupe de soutien composé de personnes partageant des expériences similaires peut vous offrir un sentiment de compréhension et de soutien mutuel dans votre processus de guérison. Mais il me semble que cela ne peut être que complémentaire à une thérapie individuelle.

La pratique de la méditation : peut vous aider à développer une meilleure conscience de vos pensées et émotions, ainsi qu’à cultiver la compassion envers vous-même. Avec certaines techniques, on peut aller jusqu’à la transcendance de certaines mémoires.

Expression créative : L’art-thérapie, l’écriture expressive ou d’autres formes d’expression créative peuvent vous aider à explorer et à libérer les émotions liées à la blessure de rejet.

Travail corporel : Le yoga, la danse-thérapie, la respiration hypno-holistique ou d’autres formes de thérapie corporelle peuvent vous aider à libérer les tensions physiques et émotionnelles stockées dans votre corps.

Lecture et éducation : Se renseigner sur la blessure de rejet et sur les stratégies de guérison peut vous aider à mieux comprendre vos propres expériences et à trouver des moyens de les surmonter mais ne pourra jamais être suffisant pour atteindre la résilience qui se fait sur un plan émotionnel et pas intellectuel.

Rappelez-vous qu’il est important de trouver des approches qui résonnent avec vous et qui correspondent à vos besoins uniques. Mais surtout une personne, une âme avec qui un lien peut se créer, même si le thérapeute n’est pas un ami, il n’en reste pas moins que l’on choisit avec son instinct et encore une fois pas son mental. Le processus de guérison peut prendre du temps, mais avec le soutien approprié, il est possible de surmonter la blessure de rejet et de trouver la paix intérieure.

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